Au Brésil, tout le monde la connaît par son prénom : Tarsila. Elle est un peu la mère de tou.te.s les artistes. Mais Tarsila do Amaral, c’est d’abord cette fille de la grande bourgeoisie qui s’est libérée du carcan des traditions pour venir étudier l’art à Paris en 1920 dans ce qu’il avait de plus avant-gardiste, et qui est retournée au Brésil « pour détruire la peinture » (pour plagier Poussin parlant de Caravage). Tarsila do Amaral en effet a fait voler en éclat tous les codes de la bonne société de Rio et de Sao Paulo. Elle a peint des personnes non-blanches, ancien.ne.s esclaves, mis en avant les peuples autochtones, les classes populaires, jusqu’à être jetée en prison en 1930 par le dictateur Getulio Vargas, qui l’accusait de sédition.
Tarsila, c’est une vraie pionnière, qui a enterré des pratiques européennes obsolètes et suranées pour donner naissance au modernisme brésilien, à un art « cannibale » et post-colonial, ouvrant la voie à des hordes d’artistes qui aujourd’hui encore lui en sont reconnaissant.es. C’est à Paris que ses plus grandes toiles révolutionnaires furent pour la première fois exposées, voire peintes. Mais qui en France la connaît encore ? Et pourquoi n’y a-t-il eu qu’une exposition à la Maison de l’Amérique latine (2006) consacrée à la plus grande star de l’art brésilien, alors que le MOMA lui a offert une magnifique rétrospective en 2018 ?