La pluie qui tombait depuis le matin, loin de faiblir, était au contraire de plus en plus dense et elle devint tellement violente qu'on aurait cru que des seaux d'eau étaient carrément retournés sur nous […] Dans l'impossibilité de sortir, je décidais de lire ; même en pleine journée, il faisait tellement sombre à l'intérieur qu'il fallait allumer la lumière. Les gouttes de pluie frappaient les feuilles qui à chaque fois vacillaient, toutes les plantes du jardin, dociles, oscillaient. Au moment où je m'aperçus de cette mobilité, je me sentis soudain minuscule au milieu de l'extraordinaire mouvement du monde. Le monde frappé par la pluie se balançait légèrement. Et moi aussi je vacillais. J'avais le sentiment de saisir ce que ressentaient les plantes.
Nashiki Kaho, Les mensonges de la mer, éditions Piquier