Madame J est ma voisine du premier étage, elle a dans les 90 ans et des maux de son âge. Elle vit seule et ne reçoit qu'infirmières et auxiliaires de vie. Elle ne sort de chez elle que pour relever son courrier, c'est là que nous nous rencontrons, rarement ; alors nous discutons (et je regrette la dernière fois que nous nous sommes croisés : j'ai du abréger car j'étais pressé). Je sais qui elle aime et qui elle n'aime pas parmi ses voisins…
Ce matin, dans la rue en revenant de la boulangerie, j'entends des volets qui s'ouvrent… Je lève la tête, j'entrevois madame J derrière ses rideaux, sans doute m'observe t-elle. Je lui fais un grand coucou de la main, elle me fait coucou à son tour…
Je pense à autre chose en montant les escaliers, puis, en fermant ma porte, je repense à madame J, et je me dis que mon simple coucou en passant lui a peut-être fait, dans sa solitude, un bien que je n'imaginais pas, et j'en souris, et cela me fait du bien à moi-même…